Pass Patrimoine 600 monuments 2022 page
05/05/2021
3753

Sur les pas de Napoléon, d’Ajaccio aux Invalides

Tout commence à Ajaccio

François Gérard, Portrait de Napoléon en costume de sacre, 1805

Le 15 août 1769, dans une maison familiale de la rue Malerba à Ajaccio, naît Napoleone di Buonaparte, cadet d’une fratrie de huit enfants. Ses parents, Laetizia et Charles di Buonaparte, sont propriétaires d’une partie de la maison qu’ils ne cessent d’agrandir tout au long de leur vie.

Mais pendant l’enfance de Napoléon, la famille Bonaparte n’est pas très riche. Elle doit cependant pourvoir à l’éducation de ses enfants et décide que Joseph, l'ainé, et Napoléon quitteront la Corse en premier. 

C’est ainsi qu’en 1778, Charles di Buonaparte obtient une bourse d’études destinée à l’un de ses fils : c’est le jeune Napoléon qui en bénéficie. Il a alors neuf ans lorsqu’il quitte le domicile familial pour étudier sur le continent, au collège d’Autun puis à l’école militaire de Brienne. 

En 1784, Napoléon rentre à l’École Royale Militaire de Paris. À 16 ans, il devient lieutenant second dans l’artillerie. Ses professeurs disent du jeune homme qu’il est comme « du granit chauffé au volcan ».

La maison natale de Napoléon à Ajaccio, Corse du Sud

Du jeune militaire au général des armées

François Gérard, Portrait de Joséphine en costume de sacre, 1807

En 1793, lors du siège de Toulon par les troupes anglaises, Bonaparte fait grande impression : il est promu général. Il sert la jeune République lors de la Première campagne d’Italie entre 1796 et 1797 et sort victorieux de ses batailles, notamment à Arcole et à Rivoli. 

Napoléon se marie avec Joséphine de Beauharnais le 9 mars 1796, dans le IIe arrondissement de Paris. Il rencontre la jeune veuve d’Alexandre de Beauharnais, exécuté pendant la Révolution, dans un salon parisien. 

En 1798, le général des armées est envoyé en Égypte pour gêner les Anglais qui y font du commerce : le sultanat de l’empire Ottoman est traversé par la route des Indes. Napoléon quitte alors Toulon au mois de mai, mais il n’est pas seul : en plus de ses troupes, il est accompagné de cent-soixante-dix ingénieurs, archéologues, anthropologues, écrivains et artistes. La campagne d’Egypte lui permet de découvrir ce pays, sa culture, ses pyramides, son histoire.

Cependant, la campagne est un désastre militaire : ses troupes sont défaites par Wilson à Aboukir. Mais c’est une véritable victoire scientifique qui permet la création de l’Institut d’Egypte. Cette institution, qui regroupe tous les scientifiques de la campagne, est composée de quatre départements : mathématiques, physique, économie et politique, littérature et arts. 

Au retour de la campagne égyptienne, Bonaparte séjourne une dernière fois dans sa maison natale d’Ajaccio, qui change plusieurs fois de propriétaire, mais reste dans la famille élargie. La demeure est offerte à l’État en 1923 par le Prince Victor Napoléon, petit-fils du roi Jérôme, frère de Napoléon Ier. En 1967, elle est classée monument historique et devient un musée national retraçant l’histoire de Napoléon Ier et de sa famille.

Vue intérieure de l'Institut d'Égypte, Le Caire

L’achat de la Malmaison et le coup d’État du 18 brumaire

Château de Malmaison, chambre de l'Impératrice Joséphine

Le 21 avril 1799, Joséphine de Beauharnais achète le château de La Malmaison à Jacques-Jean Le Couteulx du Molay, riche banquier du royaume inquiété par la Révolution. Lorsque Napoléon revient d’Égypte en octobre, il confirme l’achat de la propriété construite au XVIIe siècle. 

Un mois plus tard, Napoléon prend le pouvoir : c’est le coup d’État du 18 Brumaire an VIII (18 novembre 1799). Le Corse devient alors Premier Consul. Il fait de La Malmaison l’un des sièges de son gouvernement. L’accession de Bonaparte au pouvoir marque aussi le début de la restauration de la Malmaison par les architectes Charles Percier et Pierre Fontaine. 

Le Premier Consul marque définitivement la vie politique française : qu’il exerce le pouvoir depuis la Malmaison, Saint-Cloud ou les Tuileries, Bonaparte est un grand réformateur. Il instaure un Conseil d’État dès 1799, crée la Banque de France en 1800 et signe avec le Pape Pie VII le Concordat en 1801. Ce texte met fin à la séparation de l’Église et de l’État instaurée pendant la Révolution et fait de la religion catholique celle de « la majorité des Français ». De grandes décisions politiques sont prises à la Malmaison, comme la création de la Légion d’honneur, adoptée le 19 mai 1802. 

Même lorsque le couple s’établit à Saint-Cloud en 1802, Joséphine de Beauharnais se rend souvent à La Malmaison : elle fait de la demeure un véritable palais. En 1803, un évènement majeur se déroule à la Malmaison : la vente de la Louisiane aux États-Unis d’Amérique. Cette transaction de taille, nommée traité de San Ildefonso, est réalisée par François de Barbé-Marbois, ministre du Trésor. Habile négociateur et financier hors-pair, il parvient à vendre l’immense colonie française (2 145 000 km2) à très bon prix : 80 millions de Francs. 

Il est encore possible de se plonger dans l’univers napoléonien en visitant la Malmaison : devenue musée National, la demeure permet de découvrir la salle du conseil ou encore la bibliothèque, haut-lieu de réflexion de Bonaparte.

Le château de Malmaison côté parc, Hauts-de-Seine

Le sacre de l’Empereur : de l’importance de Fontainebleau

Jacques-Louis David, Le sacre de Napoléon, 1806

C’est en 1803 que le Premier Consul Napoléon Bonaparte se rend pour la première fois à Fontainebleau, qu’il apprécie directement. Malheureusement, l’état du château est désastreux : Bonaparte souhaite le faire restaurer afin d’en faire une résidence officielle, s’inscrivant ainsi dans la tradition monarchique. Charles Percier et Pierre Fontaine sont désignés pour restaurer le château et le redécorer : l’héraldique de Bonaparte doit être visible. 

L’aspect initial de l’ancienne résidence royale est respecté, excepté pour la cour du Cheval Blanc : l’aile fermant cette cour est démolie au profit d’une grille majestueuse permettant la création de la cour d’Honneur. Un manège équestre est également construit : il porte le nom du général de division Sénarmont. 

Peu avant son sacre, Napoléon décide que le château doit accueillir le Pape Pie VII.  Le souverain pontif doit faire le déplacement depuis Rome pour couronner le futur empereur. Les travaux prennent alors un rythme très soutenu : le château est remeublé en moins de vingt jours. 

Le Premier Consul devient Empereur des Français le 18 mai 1804 : ce n’est que le 2 décembre de la même année qu’a lieu son sacre, en la cathédrale Notre-Dame-de-Paris. 

Fontainebleau est à la fois un lieu de pouvoir et un lieu de travail : le château est aménagé en conséquence. On y trouve une salle du trône, mais aussi le cabinet de travail de l’Empereur, relié à sa bibliothèque particulière et à son cabinet topographique. L’Empereur est connu pour sa force de travail : il instaure de nouvelles lois et crée en 1804 le Code Civil.

Le château de Fontainebleau, Seine-et-Marne

L’Empereur est friand de chasse : entre 1806 et 1809, il se rend régulièrement à Saint-Germain-en-Laye où il séjourne au Château-Vieux. Lors de ses parties de chasse en forêt de Saint-Germain, il prend plaisir à visiter son ami le Maréchal d’Empire Lannes, duc de Montebello, propriétaire du Château de Maisons depuis 1804. 

Napoléon fait de Saint-Germain-en-Laye un lieu associé au pouvoir impérial. Il y fait déménager l’École spéciale militaire de cavalerie au Château-Vieux en 1809 et y crée la Maison d’Éducation de la Légion d’honneur en 1810.

Le château de Saint-Germain-en-Laye, Yvelines

Les guerres napoléoniennes, des grandes victoires à la Bérézina

François Gérard, Marie-Louis d'Autriche, 1812

Napoléon Ier est avant tout un grand militaire : ainsi, il débute en 1805 la première des guerres napoléoniennes : il attaque les Anglais, mais cette première offensive est soldée d’un échec à Trafalgar le 21 octobre. Mais l’Empereur ne s’arrête pas à une défaite et multiplie les batailles aux côté de sa Grande Armée. Il sort ainsi victorieux à Austerlitz le 2 décembre 1805, à Friedland le 14 juin 1807 ou encore à Wagram le 6 juillet 1809. 

1809 marque aussi de profonds changements dans la vie personnelle de l’Empereur : l’Impératrice Joséphine, ne parvient toujours pas à lui donner d’héritier, ce qui mène à leur divorce le 15 décembre. Il reste néanmoins en bons termes avec Joséphine de Beauharnais à qui il donne la Malmaison. Le 2 avril 1810, Napoléon Ier se marie avec Marie-Louise d’Autriche. Cet hymen lui permet de lier sa famille à une grande monarchie européenne. 

Les victoires militaires de l'Empereur lui permettent de modifier profondément le visage de la France : celle-ci compte 131 départements en 1811. De plus, ses conquêtes lui permettent d'étendre le territoire national : Rome ou encore Bruxelles et Amsterdam deviennent des préfectures françaises. 

Mais le mois d’août 1811 constitue un autre tournant dans la vie de l’Empire : le tsar Alexandre Ier défie Napoléon en brisant le traité de Tilsit signé à Friedland en 1807. Cet évènement est perçu comme une déclaration de guerre ; les troupes de la Grande Armée partent pour la Russie et marchent sur Moscou le 14 septembre 1812.
Repoussée par l’armée du tsar et tiraillée par le froid, l’armée impériale est confrontée à une ultime débâcle. Les troupes napoléoniennes sont acculées par les Russes d’une part, et bloquées par la rivière Bérézina de l’autre. La défaite semble sans appel, l’armée de l’Empereur est trop affaiblie. Napoléon Ier ne s’avoue pas vaincu pour autant et continue à se battre. Ce n’est que le 19 octobre 1813 qu’il est défait à Leipzig. 

January Suchodolski, Napoléon traversant la Bérézina, 1866

L’Île d’Elbe et les Cent-Jours

L'arrivée de Napoléon à Elbe

En 1814, la France est envahie par la Grande-Bretagne, la Prusse, la Russie et l’Autriche, réunies en coalition. Poussé à l’abdication, l’Empereur tente de mettre fin à ses jours, sans succès. Le 6 avril, alors qu’il est rentré à Fontainebleau, il est obligé d’abdiquer. Le 20 avril 1814, il salue sa garde pour la dernière fois dans la cour d’Honneur du château de Fontainebleau, non loin de l’aile Louis XV, qui abrite depuis 1986 un musée dédié à l’Empereur. 

En effet, l’Empereur est contraint de s’exiler. Il choisit de se retirer sur l’Île d’Elbe et y acoste le 4 mai. Très bien accueilli, il règne sur la principauté jusqu’au 26 février 1815, date à laquelle il décide de retourner en France malgré les interdictions. L’Empereur entend affronter de nouveau les grandes puissances européennes qui souhaitent mettre fin à son règne de manière définitive et radicale.

Il débarque sur la plage de Golfe-Juan le 1er mars 1815, accompagné d'une troupe de près de mille hommes. Pour ne pas éveiller les soupçons du Roi, il décide de passer par les Alpes du Sud. Ce long périple jusqu'à Paris n'est pas sans embûches : il tombe sur les troupes royales à hauteur du village de Laffrey, près de Grenoble. Heureusement, son ancienne armée lui est fidèle et l'escorte jusqu'à Paris. 

Débute alors une période particulière, celle des Cents-Jours, du 20 mars au 22 juin 1815. Cela correspond au moment où Napoléon reprend le pouvoir en France. Il s’engage dans une nouvelle guerre mais est défait à Waterloo le 18 juin 1815 : il doit de nouveau abdiquer. 

Le château de Fontainebleau et sa cour d'Honneur

L’Île d’Aix : dernier arrêt avant Saint-Hélène

Napoléon à Sainte-Hélène

La fin du règne de Napoléon Bonaparte est marquée par un second exil, cette fois-ci bien plus radical que le premier. Il est contraint de finir ses jours à Saint-Hélène, petite île de l’océan Atlantique sud au large de l’Afrique. Il embarque d’abord pour l’Île d’Aix, au large de Rochefort, où il séjourne du 12 au 15 juillet 1815. Ce court séjour marque ses derniers instants en terre française. L’île abrite aujourd'hui un musée consacré à Bonaparte, créé par le baron Napoléon Gourgaud, descendant d’un général ayant suivi l’Empereur dans son exil. 

Une fois à Saint-Hélène, l’Empereur déchu s’attèle à la rédaction de ses mémoires. Il s’éteint six ans plus tard, le 5 mai 1821 : il enterré sur l’île. 

Le musée Napoléon, Île d'Aix, Charente-Maritime

Les Invalides comme dernière demeure

Le convoi funèbre de Napoléon aux Invalides

L’Hôtel des Invalides, créé sous Louis XIV, a pour but premier d’apporter soin, gîte et couvert aux vétérans des armées. Délaissé de sa fonction pendant la Révolution, Napoléon Ier rend au lieu sa vocation première. Il visite régulièrement les soldats de la Grande Armée et confère à l’Hôtel un autre usage, celui de lieu de célébration militaire. 

Mais les Invalides sont aussi le tombeau des grands militaires français et de proches de l’Empereur, comme Géraud Christophe Michel Duroc, duc de Frioul, Grand maréchal du Palais. Lorsque Napoléon Ier abdique, les Invalides sont renommées « Hôtel Royal des Invalides ». 

Louis-Philippe, roi des Français ordonne en 1840 de faire rapatrier le corps de Napoléon Ier en France. Cette décision est conforme aux vœux de l'Empereur qui demande expressément à être inhumé à Paris.
"Je désire que mes cendres reposent sur les bords de la Seine, au milieu de ce peuple français que j'ai tant aimé."
: cette phrase, écrite devant ses exécuteurs testamentaires le 16 avril 1821, témoigne de l'importance de la capitale française pour Napoléon. 
En pleine Monarchie de Juillet, le Dôme des Invalides, construit par Jules Hardouin Mansart, est modifié pour accueillir la dépouille de l’Empereur qui y repose depuis le 2 avril 1861. 

L’Hôtel national des Invalides est ouvert à la visite : il accueille le Musée de l’Armée qui retrace l’histoire militaire française du XIIIe siècle au XXe siècle en passant, bien sûr, par Napoléon Ier. Le tombeau de Napoléon Ier, fraîchement restauré, est aussi accessible au public. 

Partez sur les traces de Napoléon et visitez plus de 500 monuments gratuitement partout en France

L'Hôtel national des Invalides, Paris

Tags: