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03/07/2022
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Sur les pas de Guillaume le Conquérant

Lorsque l’on évoque la figure de Guillaume le Conquérant, on se rappelle la conquête de l’Angleterre, la bataille de Hastings et le Domesday Book… Mais on oublie souvent que Guillaume le Conquérant est avant tout duc de Normandie et qu’il a beaucoup œuvré pour la puissance et la prospérité de son duché. 

Retournons donc sur les traces de ce grand politicien et stratège, dont le parcours normand, jalonné d’illustres monuments, commence au cœur du Calvados

Le château de Falaise © Viault

À Falaise, la naissance d'un chef

La Fontaine d'Arlette, à Falaise © roi.dagobert

C’est en 1027, à Falaise, que Guillaume voit le jour. Il est le fils de Robert, sixième duc de Normandie, et d’Arlette, une villageoise de Falaise.

Revenons quelques mois plus tôt, à la fontaine que l’on appelle aujourd’hui la Fontaine d’Arlette, située près du château de Falaise. C’est là que Robert le Magnifique aperçoit pour la première fois la belle Arlette et qu’il en tombe éperdument amoureux.  De leurs amours naît le petit Guillaume. S’il est considéré par l’Eglise comme un bâtard, son père le voit comme son fils légitime et c’est à lui qu’il lègue plus tard le duché de Normandie. 

 

Guillaume le Conquérant, auteur inconnu, National Trust

Guillaume grandit au château de Falaise. Il y reçoit une éducation de chevalier et de chef, rôle qu’il endosse très jeune à la disparition de son père en Terre Sainte.

Le château est largement remanié par les descendants de Guillaume le Conquérant, notamment son fils, Henri Beauclerc, qui fait construire l’imposant donjon carré. La forteresse est endommagée par les conflits successifs, de la guerre de Cent Ans aux guerres de Religion, mais depuis les années 1990, des travaux sont entrepris pour le restaurer. 

Si vous vous rendez à Falaise vous pourrez encore aujourd’hui observer la fameuse fontaine, et bien entendu, l’impressionnant château, rare vestige en France de l’architecture anglo-normande. 

Le château ducal de Caen, lieu de pouvoir

Le château ducal de Caen © Paolo Ramponi

Assez vite, Guillaume se voit confronté à de nombreuses rivalités que suscitent sa puissance en Normandie. En 1047, il doit affronter dans la plaine du Val ès Dunes les petits barons normands qui se rebellent contre son pouvoir. Assisté du roi de France Henri Ier, son seigneur, il les met en déroute.

Une dizaine d’années plus tard, c’est le roi lui-même qui se retourne contre son vassal et pille la Normandie. Guillaume, qui connaît bien sa terre, mène une attaque par surprise à Varaville en profitant de la marée montante. Il renverse ainsi l’armée française

Le duc de Normandie comprend donc qu’il est nécessaire d’établir son autorité jusqu’en Normandie occidentale : il choisit Caen pour fonder une seconde capitale après Rouen.

C’est en 1060 qu’il fait bâtir une forteresse sur le promontoire rocheux qui surmonte le petit bourg de Caen. Le château, protégé par une enceinte, fait plutôt figure de demeure de plaisance que de fort militaire et Guillaume y réunit sa cour et la divertit dans des salles d’apparat et des appartements magnifiques. Le château de Caen contribue par la suite au développement de la ville, et connaît des heures fastueuses jusqu’au XVe siècle. 

Les abbayes de Caen

L'Abbaye aux Hommes, à Caen © Chemose

La fondation des deux abbayes de Caen, l’Abbaye aux Dames et l’Abbaye aux Hommes, ont pour origine une singulière histoire de famille.

Quand, vers 1050, Guillaume cherche à se marier, il jette son dévolu sur Mathilde, la fille du comte de Flandres. Cependant, le pape Léon IX interdit le mariage pour cause de liens consanguins et fait excommunier les époux passés outre son cette interdiction.

À force de demandes, Guillaume et Mathilde obtiennent le pardon du pape, qui exige en échange la construction de quatre hôpitaux et de deux abbayes.

L'Abbaye aux Dames, à Caen © etoma emiliogmiguez

C’est ainsi que l’Abbaye aux Dames est fondée en 1066 par la duchesse Mathilde et que l’Abbaye aux Hommes est érigée en 1077 par le duc Guillaume. Selon les vœux des époux, ils sont enterrés dans les abbayes qu’ils ont respectivement fondées. 

Monuments emblématiques de la ville de Caen, les deux abbayes ont occupé plusieurs fonctions au cours les siècles, de pensionnat à hospice ou encore de refuge lors des bombardements de la Seconde Guerre mondiale. L'Abbaye aux Hommes abrite désormais l'Hôtel de Ville de Caen. 

L'abbaye de Jumièges, protégée par Guillaume

Les ruines de l'Abbaye de Jumièges, en Seine-Maritime © vcomeviaggare

Éloignons-nous un peu du Calvados pour poursuivre en Seine-Maritime, à la découverte de l’abbaye de Jumièges. Cette abbaye bénédictine, fondée par Saint Philibert au VIIe siècle, est le témoin de la longue présence des moines en Normandie. Pillée et incendiée lors des invasions Viking au IXe siècle, elle est peu à peu reconstruite au XIe siècle, et c’est en présence du duc Guillaume que l’église abbatiale Notre-Dame de Jumièges est consacrée en 1067. 

Présence symbolique, mais surtout acte politique, car Guillaume, que l’on peut désormais appeler Le Conquérant, fait don à l’abbaye de biens confisqués en Angleterre. Ces biens vont servir aux moines de Jumièges pour étendre leur influence sur l’Église d’Angleterre, et permettre à Guillaume une meilleure mainmise sur cette terre récemment conquise. 

 

Bayeux et sa tapisserie, aux sources de la légende

Beaucoup de flou et de mystères entourent cette magnifique tapisserie longue de soixante-dix mètres, classée au patrimoine mondial de l’UNESCO,  conservée à Bayeux. C’est probablement Odon, évêque de Bayeu et demi-frère de Guillaume, qui la commande pour en orner sa cathédrale. 
Davantage d’imprécisions encore entourent son auteur. La légende veut que Mathilde, épouse de Guillaume, ait réalisé l’ouvrage, mais des études scientifiques montrent que la tapisserie a probablement été tissée en Angleterre. 

Tapisserie de Bayeux © Jean Pierre Boiste

Elle retrace en images l’épopée de Guillaume, de son appel par Édouard, roi d’Angleterre, qui ne veut laisser son rival Harold, comte d'Essex, s’emparer du trône, jusqu’à la traversé de la Manche avec chevaux et cavaliers.

La tapisserie a sans doute un rôle didactique, puisqu’elle raconte en images cette histoire que la plupart des gens, illettrés, ne pouvaient pas lire. Pédagogue, elle insiste avec manichéisme sur une dualité entre le Bien et le Mal, représentés respectivement par Guillaume et Harold

Telle une série historique, la tapisserie de Bayeux est un précieux témoin de la vie au Haut-Moyen-Âge. Elle comporte des intrigues à suspense : dans quel but Edouard organise-t-il une rencontre entre les rivaux Guillaume et Harold ? Sur les ordres de quel personnage agit le nain Turold ?

Rendez-vous sur place pour essayer de le découvrir !

 

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