Le patrimoine d'EDF, une histoire française
Le patrimoine industriel constitue un pan important de notre héritage commun. Moins connu du grand public, il permet d'éclairer les transformations fondamentales de notre société moderne. C'est pourquoi il fait de plus en plus l'objet de campagnes de préservation et de valorisation.
Parmi les grandes aventures industrielles françaises, celle d'EDF et du patrimoine électrique permet de retracer près de deux siècles d'histoires humaines et techniques.
Nous vous proposons de revenir sur les périodes marquantes de cette odyssée électrique en les illustrant de quelques sites emblématiques du patrimoine d'EDF.
Les débuts de la production électrique : l'eau moteur de modernité
Au début du XIXe siècle, les progrès scientifiques permettent de développer les applications concrètes de l'électricité, phénomène pourtant connu depuis l'Antiquité.
La révolution industrielle et les besoins croissant en énergie des machines favorisent l'émergence de centrales de production qui exploitent la force des chutes d'eau pour créer de l'électricité. Cette énergie propre, surnommée "Houille blanche", va rapidement changer le paysage industriel français en particulier dans les montagnes et autour des grandes agglomérations.
Du milieu du XIXe siècle jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale, des centaines de centrales hydrauliques vont constituer un maillage industriel sur tout le territoire pour fournir près de 50% de la production électrique française au milieu du XXe siècle.
Quelques sites préservés et entretenus par EDF témoignent encore de cette période charnière dans le développement de la production de l'électricité.
Le Bazacle en Haute-Garonne
Le site du Bazacle, au cœur de la ville rose exploite la force de l’eau de la Garonne depuis le XIe siècle. C'est en 1888 que les moulins du Bazacle sont transformés en usine hydroélectrique : un pari risqué à l'époque qui a permis à Toulouse de faire partie des premières villes éclairées d’Europe.
La centrale de Cusset dans le Rhône
A la fin du XIXe siècle, les industries de l'agglomération lyonnaise, dont le textile, ont besoin d'une grande quantité d'énergie pour fonctionner. Un canal entier est creusé pour permettre à une usine hydraulique de tourner et d'alimenter la région. Le site de Cusset sera inauguré en 1899. La centrale est encore en activité aujourd'hui et on peut admirer son architecture néoclassique le long du canal de Jonage où un belvédère d'observation a été installé en 2018.
La centrale des Vernes en Isère
Les montagnes et leurs successions de chutes d'eau sont le terrain privilégié de l'hydroélectricité. A la fin du XIXe et au début du XXe siècle, l'implantation de centrales favorise l'essor économique de ces régions jusqu'alors isolées.
La centrale des Vernes, construite en 1918, est particulièrement emblématique de cette aventure. Son architecture a été soignée et pensée. L'exploitant de l'époque dira avoir "tenu à apporter à un pays auquel" il s'est "fortement attaché une contribution à son embellissement.". On peut encore admirer un escalier monumental en ciment moulé et un jardin à la française. Le lieu est inscrit au titre des Monuments Historiques depuis 1994.
La centrale de Kembs dans le Haut-Rhin
Le traité de Versailles qui met fin à la Première Guerre Mondiale permet à la France de lancer de grands chantiers techniques sur le Rhin. La centrale de Kembs, première centrale hydraulique sur le Rhin, est ainsi inaugurée en 1932. Elle est unique avec son architecture art déco, typique de l'époque. Toujours en activité, elle a survécu à des bombardements lors de la Seconde Guerre Mondiale.
1946, la création d'EDF et les grands projets d'après-guerre
1946, la France, comme le reste de l'Europe, se remet lentement des dures conséquences de la Seconde Guerre Mondiale. Le pays doit rapidement relancer son activité économique stoppée par l'occupation.
Les autorités françaises décident donc d'accélérer le développement de la production et de la distribution d'électricité sur le territoire. L'entreprise EDF est née de cette volonté. Elle regroupe alors des centaines de sociétés qui étaient disséminées sur le sol français.
Mais la réponse aux enjeux énergétiques de l'après-guerre ne peut se limiter à la nationalisation de l'activité et l'état entreprend de grands projets pour moderniser son réseau. Plusieurs chantiers sont emblématiques de cette période comme la "Boule" de Chinon et l'usine marémotrice de la Rance.
Le site de Chinon en Indre-et-Loire
Dans les années 50, les autorités françaises décident d'accélérer le développement du nucléaire civil pour la production d'électricité. Un site est choisi près de Chinon pour accueillir la première centrale nucléaire civile : ce projet gigantesque débute en 1957, véritable innovation technologique et architecturale. Structure sphérique de 55 mètres de diamètre et de 47 mètres de haut (sans poteaux latéraux), la "Boule" de Chinon fonctionnera de 1963 à 1973 avant d'être transformée en musée.
L'usine marémotrice de la Rance en Ille-et-Vilaine
Projet datant des années 20, mais jamais réalisé suite à la crise de 1929 et à la Seconde Guerre Mondiale, l'usine marémotrice de la Rance voit finalement le jour en 1966. Le site est inauguré en grandes pompes par le Président Charles de Gaulle. L'occasion est en effet historique car le barrage, d’une longueur de 750 mètres, est le premier site au monde à utiliser la force des marées pour produire de l'électricité.
Informer le public : la naissance des musées "EDF"
Dès les années 50, l'entreprise EDF a un autre rôle à jouer auprès des français, celui d'initier le public aux nouveaux usages électriques. Les foyers, en particulier ruraux, découvrent peu à peu les appareils électro-ménagers et le chauffage électrique avec l'accroissement du réseau de distribution.
Cette action d'information se prolonge dans les années 80 avec la naissance du « tourisme industriel » et la création de "centres d'interprétation" sur les sites de production d’électricité, ou même de musées. Il s'agit alors de permettre au public d'explorer les différentes facettes des métiers de l'énergie, à l’instar des musées soutenus par EDF.
Le Musée EDF-Hydrélec adossé à la centrale hydraulique de Grand Maison, est ouvert depuis 1988 en Isère. A travers ses collections, il raconte l'histoire de la Houille Blanche et de l'hydroélectricité depuis le XIXe siècle jusqu'à nos jours.
A Mulhouse dans le Haut-Rhin, le Musée Electropolis est inauguré en 1992. Ce projet culturel est issu de l'initiative de passionnés qui ont souhaité sauver un patrimoine industriel remarquable : la machine Sulzer-BBC des établissements Dolfus Mieg et Cie. Leurs efforts ont non seulement permis de préserver ce groupe électrogène de 70 tonnes, mais a également décidé les pouvoirs publics et EDF à lancer un musée sur la grande aventure de l'électricité. Le Musée Electropolis possède aujourd'hui une collection de plus de 12 000 objets.
Le XXIe siècle, l'innovation technique et la valorisation du patrimoine
Le XXIe siècle continue d'apporter son lot d'innovations techniques et scientifiques dans le domaine de l'énergie pour relever les défis du changement climatique.
Et parce que mettre en lumière l’histoire éclaire l’avenir, depuis quelques années, l'entreprise développe un programme de valorisation de ses sites à travers des spectacles lumineux. Des tours de la centrale du Havre en Seine-Maritime couvertes de 238 leds aux projections sur la "Boule" de Chinon, EDF apporte un nouveau regard sur un patrimoine qui accompagne le quotidien des français depuis près de deux siècles.
Derniers nés de ses "shows", une grande fresque électrique qui éclaire sur 15 000m2 la tour de refroidissement de la centrale de Cruas en Ardèche (Cette tour portait déjà une fresque monumentale de l'artiste Jean-Pierre Perret). Et après un appel à projet artistique régional, un spectacle au laser a été conçu pour la tour de refroidissement du Cycle Combiné Gaz de Bouchain.
Le patrimoine d'EDF évoqué dans cet article et beaucoup d'autres sites se visitent. De nombreuses animations sont proposées toute l'année, en particulier lors des Journées Européennes du Patrimoine.
Pour découvrir tout le programme, rendez-vous sur le site d'EDF en suivant ce lien.
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