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La forteresse de Chinon : au coeur de l'histoire de France

C’est à sa silhouette magistrale formée par ses tours imposantes que l’on reconnaît la forteresse médiévale de Chinon. Trois châteaux distincts se sont superposés sur ce site chargé d’histoire. Ses bâtisseurs nous ont légué un témoignage vivant de la puissance seigneuriale et royale, un lieu où le pouvoir des monarchies anglaise et française s’est incarné

Comme le décrit l’écrivain François Rabelais, Chinon est « assise sur pierre ancienne, au haut, le bois, au pied, la Vienne ». Né à la fin du XVe siècle, à quelques pas de là, l’auteur de Gargantua nous résume ainsi la situation géographique du site, perché sur une falaise et dominant la rivière. 

 

Les origines anciennes de la forteresse royale de Chinon

Ses origines remontent à l’époque gallo-romaine. Un riche guerrier gaulois y fait bâtir sa demeure et se fait enterrer sur cet emplacement. 

L’historien du VIe siècle, Grégoire de Tours, évoque dans son Histoire des francs, l’existence d’un « castrum », une installation fortifiée. Puis, aux VIIe et VIIIe siècles, un atelier monétaire royal s’établit à Chinon, attirant ainsi une activité économique importante au bord de la Vienne. 

Chinon : une place forte au cœur des luttes seigneuriales

Les comtes de Blois, vassaux du roi de France, choisissent Chinon au Xe siècle pour s’y implanter. Sa situation stratégique, aux confins de la Touraine, de l’Anjou et du Poitou est un atout politique majeur. La Vienne offre à la ville une défense naturelle. Le célèbre comte de Blois, Thibaud le Tricheur, édifie une première tour en 954 ainsi qu’une enceinte. 

Puis, les comtes d’Anjou s’emparent de la cité fortifiée en 1044. Foulques IV d’Anjou achève alors de construire l’enceinte. 

Couronne anglaise ou royaume capétien ?

Louis-Félix Amiel, Philippe II Auguste, 1837

Chinon passe ensuite sous domination anglaise au cours du XIIe siècle. Le roi Henri II Plantagenêt, émerveillé par le site, y établit un lieu de résidence temporaire. Son vaste palais du fort Saint-Georges permet d’accueillir les nombreux offices administrant le pouvoir royal. On dépose le trésor royal au sein de la forteresse. Aliénor d'Aquitaine est retenue captive en ce lieu plusieurs années par son époux. 

C’est dans son palais bien-aimé de Touraine, que le roi Henri II meurt en 1189. Il est enterré, non loin de là, à l’abbaye de Fontevraud, nécropole des Plantagenêt. Richard Cœur de Lion, son fils qui lui succède sur le trône d’Angleterre, y séjourne en 1190, avant son départ pour la croisade

En 1200, est célébré au château de Chinon, le mariage du nouveau roi Plantagenêt, Jean sans Terre avec Isabelle d’Angoulême.  Inquiet de la menace française qui pèse sur la Touraine en 1204, Jean sans Terre prépare la défense militaire de Chinon

Le roi de France, Philippe Auguste assiège la ville durant neuf mois. Les Anglais luttent vaillamment pour protéger Chinon, sous les ordres de Hubert de Bourg, connétable de la ville, personnage célèbre de l’histoire du siège. Cependant, les forces françaises parviennent à s’emparer de la forteresse

À la suite de cette violente lutte armée, les murs de Chinon sont affaiblis. Philippe Auguste se lance dans sa reconstruction et ajoute une imposante tour circulaire, la tour du Coudray

Les Templiers et Chinon

Gravures des Templiers sur des murs de la forteresse de Chinon

Chinon est également le théâtre d’un conflit majeur entre le roi Philippe le Bel et le pape Clément V, au sujet de l’ordre des Templiers, puissant ordre religieux et militaire. Le roi de France ordonne dans tout le royaume, l’arrestation de tous ces moines-soldats. 

En 1308, le pape se rend à Poitiers et demande à Philippe le Bel de pouvoir interroger plusieurs templiers dans le but de les réhabiliter. Sous la demande du pontife, le roi se plie, mais retient les cinq dignitaires de l’ordre, dont le célèbre Jacques de Molay, dans les geôles de Chinon. Clément V, averti de cette supercherie, envoit deux cardinaux à la forteresse pour s’entretenir avec les détenus.

Sur les murs des pièces souterraines, les dessins de ces illustres prisonniers sont encore visibles

Chinon : au point de départ de la mission de Jeanne d’Arc

Jeanne d'Arc menée à Chinon, Miniature issue du manuscrit de Martial d'Auvergne, Les Vigiles de Charles VII, vers 1484, BNF

Jeanne d’Arc se rend à Chinon en 1429 et y rencontre pour la première fois Charles VII. 

C’est dans une des pièces du château, que se déroule le célèbre épisode de la « Reconnaissance » : Jeanne d’Arc, parvient miraculeusement à distinguer le roi, pourtant déguisé, parmi les membres de la cour. Elle lui fait part alors, de son vœu de libérer la France des Anglais, en commençant par délivrer Orléans et de le faire sacrer roi à Reims. 

Un témoin vivant de notre histoire

La forteresse de Chinon après les restaurations

La forteresse est délaissée à partir du XVIe siècle, à un moment où l’ont construit d’autres châteaux autour de la Loire, dans un style architectural novateur.

Prosper Mérimée inscrit Chinon, dans sa première liste des monuments historiques de 1840. Débutent alors d’importants programmes de restauration qui seront repris à partir des années 2000. Les vastes fouilles archéologiques menées au début du XXIe siècle, ont permis d’améliorer les connaissances historiques sur ce site multiséculaire

 

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