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11/05/2023
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Henri de Valois, roi de Pologne

Portrait d’Henri III, Étienne Dumonstier, XVIe siècle

Pourtant non destiné au trône, Henri de Valois a été un souverain décisif dans l’histoire de la monarchie française et des relations entre dynasties européennes.

Roi de Pologne puis roi de France, ses règnes marquent profondément les liens entre les deux pays.

Partez sur les traces de ce souverain inclassable aux mœurs singulières et découvrez la vie trépidante du dernier roi de la dynastie des Valois!

De prince guerrier à roi de Pologne et grand-duc de Lituanie

Portrait d’Henri de Valois, duc d’Anjou, par Jean Decourt, vers 1570, BnF, Paris ©Jean Decourt – Gallica

Henri de Valois, troisième fils d’Henri II et de Catherine de Médicis, né le 19 septembre 1551 à Fontainebleau.

Après une enfance passée, en grande partie, au château d’Amboise, il est fait duc d’Anjou avant d’obtenir le titre de duc d’Orléans, en 1560, lors de l’avènement de son frère, Charles IX.

À l’écart des responsabilités de la couronne déjà enlisée par les guerres de Religion, le prince Henri poursuit son apprentissage de la guerre. Très vite, son courage suscite l’admiration.

En 1567, il est nommé lieutenant général du royaume de France. Il s’illustre le 13 mars 1569, à la bataille de Jarnac en triomphant de l’armée protestante conduite par Condé, tué lors des combats. De même, sa lutte à la bataille de Moncontour assoit sa réputation de vaillant guerrier.

Le siège de La Rochelle, entrepris en 1573, est un tournant dans la vie du jeune prince.

Alors que ses troupes se heurtent aux solides remparts de la ville, une nouvelle inattendue met un terme aux combats : il vient d’être élu roi de Pologne.

Château de Wawel, Cracovie, Pologne ©Kilhan - Adobe

Henri de Valois, premier roi élu de la monarchie élective polonaise

Portrait de Sigismond II Auguste en armure, années 1550 ©Lucia Anguissola — pl.pinterest.com

Sa mère, Catherine de Médicis, soucieuse de donner un trône à son fils préféré, demande à l’évêque de Valence, Jean de Montluc, de soutenir la candidature d’Henri de Valois devant la Diète polonaise.

Depuis la mort, sans héritier, du roi de Pologne Grand-duc de Lituanie Sigismond II, en 1573, la monarchie polono-lituanienne est devenue un régime électif.

Ce sont, désormais, les membres de la noblesse qui élisent le futur souverain par acclamation.

Ne respectant plus la succession héréditaire, le futur roi est rigoureusement contrôlé par la Diète polonaise, composée des députés et sénateurs.

Cette élection est ouverte aux princes étrangers, Catherine de Médicis peut y faire valoir les arguments de son fils.

Outre Henri de Valois, sont également candidats l’Archiduc Ernest d’Autriche, le Tsar Ivan IV dit le Terrible et le Roi de Suède Jean III.

Mais en mai 1573, les 30 000 électeurs désignent Henri de Valois comme leur nouveau souverain.

Le départ pour la Pologne

Après avoir prêté serment à Notre-Dame de Paris, le 10 septembre 1573, devant 13 ambassadeurs de Pologne, Henri quitte Paris le 27 septembre 1573. Il arrive à Cracovie, alors capitale du royaume de Pologne, fin janvier 1574.

Son élection est source de discordes, les Polonais ne voyant pas d’un bon œil son implication dans la Nuit de la Saint-Barthélemy du 24 août 1572.

Bien que les Polonais craignent la remise en cause du principe de tolérance religieuse appliqué en Pologne, Henri est couronné à Cracovie le 21 février 1574, sous le nom d’Henryk Walezy. Ce faisant, il est désormais roi de Pologne et grand-duc de Lituanie, ces deux pays formant la République des Deux nations.

La première élection libre polonaise de Henri de Valois en 1573, de Jan Matejko, 1889 © Jan Matejko — Ewa Suchodolska, Marek Wrede

Un bref règne polonais

Dès son arrivée à Cracovie, le nouveau roi de Pologne et Grand-duc de Lituanie se confronte au décalage des cultures. Lors de son installation dans la capitale polonaise, une délégation de gentilshommes de qualité accompagne Henri de Valois dans le château de Wawel.

Résidence des rois de Pologne, cet édifice du Xe siècle domine l’ancienne capitale de la Pologne. Principale demeure princière du pays depuis le XIe siècle, les décors de ce monument de style Renaissance mettent en évidence la puissance des monarques et du trône de Pologne.

Château de Wawel, Cracovie, Pologne ©TTstudio - Adobe

Dans ce palais, le souverain, s’entoure rapidement d’un cercle restreint de dames de cour et courtisans français. Ses mœurs libérées ainsi que son style vestimentaire extravagant déconcertent les Polonais. De son côté, Henri de Valois n’apprécie guère le climat rigoureux de cette contrée.

Mal habitué aux us et coutumes de son nouveau royaume, le souverain semble se déplaire en Pologne, un pays dont il ne maîtrise pas la langue.

Aussi, il accroit la distance entre lui et ses sujets en refusant d’épouser Anna Jagellon, sœur de Sigismond II Auguste, de 28 ans son ainée.

Son retour en France, une volonté d’évasion

Henri de Valois regrette la cour de France et ses fêtes fastueuses. Le 14 juin 1574, il apprend, dans une lettre, le décès de son frère, Charles IX roi de France. N’ayant pas reçu l’approbation de la diète pour quitter le royaume, il fuit, sous un déguisement, le château de Wawel à Cracovie.

Il franchit la frontière dans la nuit du 18 au 19 juin mais se fait interpeler par un groupe de Polonais, partis à sa poursuite. Promettant de revenir en son royaume, Henri de Valois est relâché.

Mû par son désir de s’éloigner de la Pologne, il débute un long périple en Europe. Ce voyage le mène d’abord à Vienne, avant que le faste italien de Venise ne séduise le monarque.

La république de Venise le reçoit avec une telle magnificence, qu’Henri de Valois, charmé, décide de prolonger son séjour.

La fresque Henri III reçu à la Villa Contarini de Giambattista Tiepolo, aujourd’hui exposée au musée Jacquemart-André, représente l’arrivée du souverain à la cour vénitienne.

Henri III reçu à la Villa Contarini, de Giambattista Tiepolo, 1750, Musée Jacquemart-André ©Giambattista Tiepolo — Henry Townsend

Pressé par sa mère, qui souhaite garantir sa place sur le trône de France, Henri de Valois reprend son voyage. Après Padoue, Ferrare, Mantoue, Monza, Turin et Chambéry, il arrive à Lyon, le 6 septembre 1574.

Bien qu’ayant promis aux Polonais de revenir en son État, Henri de Valois rompt sa parole et se fait couronner roi de France le 13 février 1575, dans la cathédrale de Reims. Le 12 décembre 1575, la Diète polonaise élit un nouveau souverain : Maximilien d’Autriche.

Mais Henri de Valois, désormais Henri III, ne renonce pas à son titre de roi de Pologne, qu’il garde jusqu’à la fin de sa vie, le 2 août 1589.

Assassinat du roi Henri III par le moine Jacques Clément, détail d'une estampe, par Frans Hogenberg, BnF, Paris ©Frans Hogenberg – Gallica

La France et la Pologne, une relation singulière en héritage

L’élection d’Henri de Valois au trône de Pologne contribue significativement aux relations entre la France et la Pologne.

En effet, la France s’efforce de développer des liens diplomatiques favorables avec la monarchie polonaise pour accéder au commerce de la mer Baltique et assoir son autorité face à la famille des Habsbourg.

Depuis, la mémoire d’Henri de Valois perdure dans la culture polonaise.

En effet, de nombreuses œuvres font l’écho de son court règne comme l’Ode I, Au roi Henri de Valois séjournant en France du poète Jan Kochanowski, ou le tableau La fuite de Henri de Valois de Pologne du peintre Artur Grottger.

En France, l’accession d’Henri de Valois au trône de Pologne éveille également un fort intérêt pour ce pays jusqu’alors perçu comme lointain.

La Fuite d'Henri de Valois de Pologne, de Artur Grottger, 1860, musée national de Varsovie ©BurgererSF

 

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