Miss France, 100 ans et pas une ride
Cette année, celle qui sera couronnée Miss France 2021 sera la centième “reine de beauté” française. Depuis sa création en 1920, l’élection de Miss France défraie la chronique et rassemble les Français autour d’une figure qui les charme autant qu’elle les représente.
Retour sur cent années de flashs, d’émotions, de sourires, mais aussi d’exigence, de batailles et de fierté.
Une institution séculaire
La tradition qui consiste à élire une jeune fille, dont la beauté se démarque, pour représenter une localité, n’est pas récente. Depuis le Moyen-Âge, jusqu’au XXe siècle, les villages choisissent une “rosière”, demoiselle vertueuse et charmante, à qui l’on offre une couronne de roses.
Mais c’est en 1920, au sortir de la Grande Guerre, qu’un journaliste, Maurice de Waleffe, a l’idée de lancer un concours national pour élire la plus belle femme de France. Son but est de fédérer les Français autour d’un événement festif, qui célèbre les beautés du pays, endeuillé par la guerre.
L’initiative est un succès : des milliers de jeunes filles présentent rapidement leurs candidatures. Les Français peuvent alors voter pour leur candidate préférée, en allant au cinéma. C’est Agnès Souret, une beauté basque, âgée de 17 ans et originaire d’Espelette, qui remporte le titre de “plus belle femme de France”.
Dans les années qui suivent, le concours connaît quelques arrêts et départs chaotiques, mais à la fin des années 1920, l’élection de Miss France est reconnue comme une véritable institution par le grand public, qui plébiscite l’événement.
De nouveau mis en suspens pendant la Seconde Guerre mondiale, le concours de Miss France renaît de ses cendres en 1947, avec un nouveau protecteur. La bonne fée de Miss France prend cette fois les traits d’un ancien résistant et journaliste : Louis de Fontenay, qui prend les rênes de l’institution.
Assisté de sa compagne Geneviève, il œuvre à la notoriété du concours et tous deux sillonnent infatigablement la France, au volant de leur DS, à la recherche de sponsors et de partenaires pour pérenniser l’élection. Entreprise couronnée de succès, puisque dans les années 1970, le concours rassemble une cinquantaine de participantes, contre seulement quinze lorsque les Fontenay ont repris l’affaire en 1947.
À la mort de Louis, Geneviève de Fontenay reprend la direction de Miss France et accompagne chaque Miss pendant son année de règne, jusqu'en 2010 lorsque, âgée de 77 ans, elle cède sa place à Sylvie Tellier à la tête du Comité Miss France.
Un concours qui célèbre la France
La particularité de Miss France est d’être un concours qui ne se veut pas élitiste, mais, au contraire, représentatif de la population française.
Si, aux débuts de l’institution, ce sont surtout des jeunes femmes issues du milieu de la mode et du showbiz qui se présentent, Miss France gagne en diversité au fil des ans.
En 1963, c’est une professeur de mathématiques, Muguette Fabris, qui est élue.
Quatre ans plus tard, Miss France 1967 est pour la première fois issue du monde rural. Elle se nomme Jeanne Beck et prend la parole pour expliquer son choix de se présenter à l’élection de Miss France: “Cela a ouvert les campagnes au Comité Miss France. La France était plus agricole qu’aujourd’hui et la mentalité différente.”
Miss France s’ouvre aussi à la diversité géographique de la France. Ainsi, les outre-mer sont de plus en plus représentés, à partir des années 1970. Certaines régions, comme la Lorraine, qui présentaient peu de candidates, obtiennent finalement la couronne.
Mais plus que les frontières sociales et géographiques, c’est le cœur des Français que Miss France conquiert au fil de toutes ces années.
En 1986, le concours est diffusé pour la première fois à la télévision. Présenté par Guy Lux, il rencontre une forte audience qui ira toujours croissante.
Miss France distrait les Français, mais sait aussi leur rappeler leurs particularités locales, comme en témoigne le défilé en costume régional qui, chaque année, remporte un franc succès.
Pas seulement un concours de beauté
Certes, Miss France célèbre depuis cent ans la beauté féminine, mais les journalistes ont à plusieurs reprises qualifié l’élection comme un concours d’élégance avant tout. Avant la date fatidique, les candidates de chaque région font leurs classes à “l’école des Miss”, où elles apprennent à défiler, mais également à respecter les règles de bienséance, à tenir une conversation et à bien connaître leur pays.
Dès les années 1960, Geneviève de Fontenay, qui veille sur les candidates, souhaite ne pas faire de Miss France une femme-objet, mais une vraie ambassadrice de la France. C’est pourquoi, elle décide d’ajouter au concours le célèbre test de culture générale qui contribue également à départager les Miss.
Aussi l’année de règne de chaque Miss est riche de rencontres et de voyages mais aussi lourde d’exigences.
Des tournées caritatives aux entretiens avec les élus politiques, elles sont constamment exposées aux médias et aux critiques. Certaines en profitent pour bâtir une carrière comme Sonia Rolland qui devient comédienne, ou Martine Robine qui continue son métier de journaliste en interviewant des chefs d'État.
Pour d’autres, cette année est le début d’un conte de fées comme pour Yvette Labrousse qui rencontre et épouse un prince pakistanais ou Patricia Barzyk qui noue une idylle avec le réalisateur Jean-Pierre Mocky.
Si elle est plus facile à réaliser aujourd’hui, la même intention habite les organisateurs de Miss France depuis cent ans: valoriser l’image d’une Française belle et élégante, mais aussi indépendante et ambitieuse.
À l'occasion du centenaire de Miss France, Sylvie Tellier, présidente du Comité Miss France a publié un livre retraçant cette belle aventure