Pass Patrimoine 600 monuments 2022 page
08/02/2016
4036

L’homme qui faisait parler les tables

D’aussi loin qu’il se souvient, Pascal Roblot a toujours vécu dans le monde du travail du bois. Enfant, il joue dans les tas de sciures de l’atelier de son père menuisier, au rez-de-chaussée de la maison familiale. Prendre la suite de la société paternelle est alors une évidence pour lui.

 

 

Pascal Roblot

Il fait sa formation au lycée du Bois de Mouchard dans le Jura, puis chez un menuisier en Savoie. Ce n’est qu’au terme de cet apprentissage que son père accepte de lui confier les rênes de son atelier.

L’homme qui s’est mué en entrepreneur aguerri mène l’entreprise familiale aux sommets. Plusieurs centaines de tables en chêne sortent de ses ateliers chaque semaine… Mais la crise frappe à la fin des années 2000, le marché du mobilier s’effondre et en quelques semaines les commandes disparaissent. Il faut se ré-inventer.

Pascal Roblot réfléchit alors aux forces de la France, ce qui en fait son attrait et en arrive tout naturellement à la conclusion que ce sont son Histoire et son Patrimoine.

L’idée est alors lancée : créer des tables uniques à partir d’arbres centenaires, témoins d’un morceau d’histoire.


Vieux chêne, La Foltière en Ille-et-Vilaine

 

Préparation du plateau de la table

Après avoir découvert dans des archives qu’un de ses ancêtres portait le nom de Robelot (et non Roblot), il décide de baptiser ainsi sa nouvelle société, en signe d’ancrage dans l’histoire.

Afin de créer ces tables historiques, Pascal Roblot se met d’abord en quête d’un arbre à l’histoire remarquable.

Selon l’essence de l’arbre, il faut ensuite savoir faire œuvre de patience afin que celui-ci sèche et puisse être travaillé. Cette étape peut durer jusqu’à 3 ans pour un chêne.

Il s’entoure d’artisans au savoir-faire exceptionnel, tout d’abord menuisiers pour transformer l’arbre en un plateau aux dimensions monumentales.

Bourrelier travaillant le cuir pour un piètement de table Robelot

Puis designers, tailleurs de pierre, ferronniers, bourreliers... pour dessiner et produire un support en adéquation avec le plateau, son histoire et sa région d’origine.

Dans le même temps, un historien écoute l’arbre puis le plateau afin de mettre sur papier tous les épisodes marquants, drames ou secrets dont il a été témoin au cours de sa vie d’arbre.  Ce livre est relié avec soin et placé dans un coffret-lutrin aménagé spécialement dans le plateau de la table.

Livre sur la table Cîteaux aux Échardons (c) Robelot
Livre de la table Cîteaux aux Échardons

 

Cette œuvre d’art, objet de patrimoine est alors terminée.

La toute première table Robelot est Cîteaux aux Échardons. Elle doit son nom au lieu où le chêne dont elle est issue a vécu durant plus de cent ans.
Voici ce qu’en dit son livre dédié : « Je suis faite d’un chêne plus que centenaire, issu de cette illustre forêt. Chêne de Cîteaux, cela vaut brevet de noblesse dans la grande famille du Bois. C’est dire combien, Table de Cîteaux, j’exprime toute la foi de Bourgogne, sa Toison d’Or et son Clos de Vougeot, mille ans de son histoire, ses miracles d’art roman, une aventure spirituelle et temporelle offerte en partage à toute l’humanité. ».

Pour accompagner ce plateau grandiose, un piètement en pierre de Bourgogne, orné de lanières de cuir a été imaginé par la designer qui accompagne Pascal Roblot dans cette aventure.

Pied de la table Cîteaux aux Échardons (c) Robelot
Pied de la table Cîteaux aux Échardons

Présentée lors du dernier Salon du Patrimoine, à Paris, en novembre dernier, l’œuvre a fait sensation auprès du public !

Dernièrement, l’homme a fait deux nouvelles acquisitions d’arbres historiques.
Un poirier né dans les prairies normandes, dans le village de Villedieu-les-Poêles, c’est un des premiers témoins du débarquement Allier sur nos côtes.

Au mois d’octobre, un coup de vent a abattu un tilleul bicentenaire qui vivait à l’ombre de l’hôtel de ville de Dijon dans le square des ducs de Bourgogne. Pascal Roblot a réussi à faire l’acquisition de son tronc majestueux avant que l’arbre ne soit débité par les employés municipaux. Ne doutons pas qu’il ait lui aussi des histoires fascinantes à murmurer à ses futurs propriétaires.

Pascal Roblot est également sur la piste d’un chêne auprès duquel Molière aurait vécu… peut-être lui a-t-il insufflé une partie de son génie ?

Si vous souhaitez en savoir davantage sur les tables Robelot et leurs histoires rendez-vous sur le site : www.robelot.fr